No(ël)stalgie

Nouvelle contribution de Dicopo, avec un peu de retard (et c'est entièrement ma faute), mais bon on fait pas toujours ce qu'on veut... et pis d'abord c'est mon blog je fais ce que je veux non mais oh, j'tentends là qui critique...

Le 25 décembre, c’était il y’a presque un mois, et parler de Noël en janvier, je le concède, c’est un peu comme souhaiter la bonne année en février… MAIS s’il y’a un article à faire, c’est bien un article sur la période de Noël, telle qu’elle est vécue en Allemagne, et tel que nous l’avons vécue à Greifswald.

Vous allez me traiter de rabat-joie, de cynique, mais en France, ce qui marque dès le 20  novembre, c’est surtout l’avalanche de publicités, au choix pour téléphoner au Père Noël (1,35 la minute au 3615 Papa Noël) ou  pour  acheter du foie gras  ou la plus jolie robe au moins cher, la surenchère dans des magasins ressassant le tube de Tino Rossi, et à la télévision, les émissions débiles. J’ai l’impression que ce Noël là est surtout une histoire de cadeaux dernier cri et l’occasion de banquets orgiaques plus qu’autre chose.

D’ailleurs, une amie allemande, qui avait passé cette période en France lors d’un séjour Erasmus, avait été déconcertée par le manque de vraies « traditions » de Noël chez nous : « vous n’avez que les Ferrero Rochers, c’est nul ! ». Il faut tout d’abord savoir que chez nos voisins, Noël, ça se prépare dès fin novembre, même avant l’Avent (hahaha). Croyants ou non, les Allemands ont très à cœur de créer autour d’eux une ambiance typique, familiale, faite de petits gâteaux à la vanille, de chocolat chaud et de cannelle…

Tout ces préparatifs débutent à la mi-novembre, certes d’abord sur les étals des magasins, puis dans les vitrines, puis  ce qu’on attendait avec impatience arrive enfin : le Weihnachtsmarkt (marché de Noël) va ouvrir sous les premiers flocons.

Alors vient décembre, et la neige qui s’amoncelle sur les toits transforme la ville et le paysage, et ralentit toutes les activités. A peine le temps de faire du lyrisme et des bonhommes de neige dans la poudreuse qu’on vous invite à des soirées Glühwein (vin chaud), on en goûte de toutes les sortes, du rouge, du blanc, du fait maison, avec ou sans liqueur d’amande, avec ou sans rhum. C’est l’occasion de se retrouver, chez les uns, chez les autres, bien au chaud, à partager de bons moments. Chacun, étudiant ou en famille, étrenne son calendrier de l’Avent et  décore de guirlandes électriques et de bougies sa maison et ses fenêtres, lueurs réconfortantes dans le froid, la neige, et la nuit qui tombe toujours trop tôt. Tout est rouge, blanc, vert, or, les odeurs de cannelle, vin chaud, amandes caramélisées te donnent envie de t’installer dans un fauteuil moelleux et de jouer aux cartes avec tes amis, et à l’occasion de t’émerveiller au plus grand marché de Noël d’Allemagne du Nord, à Rostock. Là-bas, une multitude de petits chalets ont soudain surgi dans toute la ville, offrant à voir l’artisanat traditionnel de Noël.

Ici on ne se force pas, le kitsch ça fait partie du jeu, on s’offre les typiques cœurs en pains d’épices sur lesquels sont écrits des petits mots doux, du style « tu es la meilleure maman du monde » ou encore « joyeux Noël, Mamie » ; on passe un après-midi en famille à faire de la luge, à se balader de marché de Noël en marché de Noël, on ressort les recettes des Plätzchen (petits gâteaux typiques de l’Avent, genre sablés). C‘est la  période où les familles prennent du temps ensemble, où les étudiants se préparent à retrouver les leurs pour deux semaines de vacances.

Moi aussi je suis rentrée dans ma famille à ce moment là, et je n’ai pas pu m’empêcher d’emporter avec moi un peu de Noël allemand, et c’est avec du vin chaud et des Zimtsterne (gâteaux à la cannelle en forme d’étoile) que je suis arrivée à Paris.

Bref vous l'aurez compris, je suis une adepte totalement convaincu du Noël à l'allemande, et d'ailleurs prenons-en de la graine, faisons de nos décembres en France, une belle période de rencontres amicales et familiales, de descentes en luge, de vin chaud, et de pain d'épice !